La maturité, c'est chiant?

avec ce petit air d'intellectuel déchu, je meurs, gaspard je t'aiiiime. (comme un fou comme un soldat)

"Je crois que ton problème, c'est que tu es trop mature pour les mecs de ton âge". Le véridict tombe, comme si Laurence Boccolini m'avait dit "vous êtes le maillon faible". J'ai cassé la chaine de bonnes réponses, je suis l'élément perturbateur du groupe. Bref, j'ai un problème, accessoirement. Sauf que, jusqu'à preuve du contraire, je ne pensais pas que la maturité puisse être un défaut, ou quelque chose qui aurait pu me desservir. Mais il faut croire que si, finalement.

Parce que c'est vrai, quand j'observe les garçons qui m'entourent, ceux que je trouve beaux, ou drôles, il y a toujours un moment où ça coince. Souvent, je les trouve un peu bêtes. Pas niais, certains sont très cultivés, passionnés, ouverts sur certaines choses. Et je n'ai pas la prétention d'avoir un QI de génie, je pense même que j'en suis loin, très loin (sinon bon, j'aurai déjà inventé une formule mathématique pour être tranquille à vie et j'aurai pas besoin de bosser autant pour réussir comme les autres). Mais les gens cultivés me semblent parfois creux de l'intérieur, incapables d'avoir des propos sensés ou un justes sur des discussions banales, ou plus philosophiques. Souvent, je les trouve même un peu arrogants, se sentant puissants au dessus d'une masse d'ignorants, comme si lire le dernier essayiste à la mode, c'était vachement plus enrichissant, et que par conséquent, ils avaient tout compris à la vie, eux. Je suis pas une grande philosophe non plus, et je ne commence pas toutes mes phrases par "Kant disait..." ou "Si l'on en croit Hegel..." mais j'aime bien que les personnes avec qui je discute puisse avoir une opinion intéressante, quelque chose à m'apporter. D'ailleurs, impossible d'avoir des atomes crochus en amitié si j'ai l'impression que l'on ne m'apportera rien et que de la même façon je me sente inutile. 

Donc en gros, je suis un peu un cas désespéré, en fin de compte. Parce qu'il s'agirait pas d'accepter mes défauts, mais mes qualités. T'imagines, le délire? "Attention, je suis mature" tout comme on pourrait dire "attention je suis chiante" ou "attention je suis jalouse". Je crois que j'aurai encore préféré avoir un défaut "curable", genre être peu ouverte ou pas marrante. J'aurai pu voyager et apprendre des blagues par coeur, ça pouvait se soigner, mais là, je vais pas me dé-maturiser pour faire moins peur aux loustics de la vingtaine. Ca serait quand même un comble. Et dans le même temps, je suis coincée, enfermée, le cul entre deux chaises parce que mes attentes sont toujours celles d'une personne de 20 ans, je n'ai pas envie d'avoir des relations trop engageantes et trop sérieuses, j'ai pas envie de m'installer, de faire des bébés (ça pleure et ça pue ces petites bêtes là). J'aurai l'impression de vieillir trop vite. Parce que j'admets que je suis mature, je crois qu'on me l'a assez répété. Mais une partie de moi reste insouciante, désireuse de profiter de l'instant sans toujours penser aux conséquences, aux jours qui suivront. Une partie de moi boit trop, fait la folle avec les garçons, une partie de moi rigole toujours devant la tour montparnasse infernale (c'est comme des pizzas quatre chaussures). 

Celui qui voudra m'avoir, il sera pas prévenu, mais il va y avoir un sacré challenge quand même, il faudra savoir gérer les différentes phases, et la difficulté d'être un peu en décalage entre deux étapes, sans être vraiment ni dans l'une ni dans l'autre, comme si c'était la phase transitoire, incertaine, mouvante, surprenante. Je ne sais pas moi même ce que je me réserve demain. On verra bien (et là c'est la jeunette qui le dit). En tout cas, ma mamie, ma maman, tout le monde s'accorde pour dire que l'expression est bien choisie : on tombe amoureux, on tombe, c'est soudain, on y peut rien, on ne l'a pas fait exprès. On ne provoque jamais une chute. (celle ci, elle était pas mal de chute non?)