Lettre à ses messieurs

Chers mâles,

J'en ai ras le bol, ras la tasse, raz de marrée, rat des champs, et je vais râler. Sachant que vous ne me lirez pas, c'est pas terrible (sauf Paulux, salut frérot). Mais je me dois de protester, pour calmer mes nerfs. Trop c'est trop, et en plus je suis une emmerdante professionnelle, alors, messieurs, asseyez-vous et ouvrez grand vos écoutilles. L'heure est grave.

Hier, vers 19h27 à Gare de Lyon, je rentre du sud, j'étais en vacances. Bronzée, et pas camouflée derrière une tonne de fringues (le temps s'étant radouci ces jours-ci) (disons, pour pas que vous m'imaginiez à poil quand même, que je portais un truc un peu court, genre on voyait un peu mon ventre) (enfin rien qui fasse s'évanouir une bonne soeur hein), je m'en vais d'un pas pressé choper le RER A pour rentrer chez moi. Jusque là tout va bien. Après deux semaines de vacances, j'étais détendue, reposée, de bonne humeur. Et puis petit à petit j'ai retrouvé ces regards d'homme en rut, de pervers solitaire dégueulasse, vos compatriotes messieurs qui nous dévore des yeux sans autorisation aucune.

Alors, non, a la base, me faire regarder ne me gêne pas. Parfois (quand c'est un grand brun musclé mystérieux non accompagné) c'est même sympathique, voir agréable, on se dit qu'on est jolie. Mais je ne parle pas de ces regards joueurs, un peu timides. Non là, je vous mets en situation face aux chacals du RER, mais je peux élargir ma cible à tous ces mecs qui pensent être sexy quand ils nous matent avec un regard macho. Bout de viande on se sent, provoquant tout de suite grand énervement chez femme normalement constituée. Bouillonnement intérieur même. Dans ces moments là on a envie de vous dire que vous êtes des connards, que vous vous croyez tout permis, qu'on est pas des jouets soumis et que c'est nous qui décidons si oui ou non vous allez passer à la casserole. Allo les gars, on est en 2011, faut se réveiller. La pub de la ménagère tous sourires parce que son incroyable mari lui à offert un super mixer, c'est fini. On vous manipule pour tout, tout le temps, et vous pensez avoir le monopole, être assez bg kikou la classe pour nous regarder comme des choses à votre disposition. Détrompez vous messieurs. 

Alors je vous vois déjà froncer les sourcils, genre vous n'y êtes pour rien. C'est vrai, c'est mal de généraliser. C'est l'énervement qui joue. Parce qu'à cause de ça, on n'ose plus trop sortir avec un haut transparent/un peu court/décolleté/autres passé minuit (ah oui, mais mon histoire se passe avant 20h, zut.) sauf si on est accompagnée par trois copains forts et musclés. Sur ce fameux quai ou j'attendais le RER, je bougeais toutes les cinq minutes, je me sentais oppressée par ces regards, ça m'énervait, et le pire, c'est qu'en général, on a d'autre solution que de fermer sa boîte à camembert. Hé oui, rapport de force logique, si je commence à vous dire tout haut (en vous tapant dessus) (ça c'est un plus, une option, un petit kiffe perso) que vous êtes des connards-pervers-machos, y'a de fortes chances que vous arriviez à me mettre à terre plus vite que la vitesse de la lumière. Si on pialle en haussant le ton, on passe pour une hystérique, une vieille teubé qui fait le spectacle. 

A cause de vous, j'ai adopté une technique. Je fronce les sourcils tout le temps, style "si tu m'touches j'te bouffe" qu'on pourrait facilement traduire par "si tu m'mates je t'éclates". 

Rangez vos yeux, soyez poli, et si vous êtes atteint de cette maladie de matage chronique, je connais quelques sites réservés aux plus de 18 ans ou des filles font des trucs marrants. 

A la revoyure,

L'emmerdante.